[libé] : Pantalonade autour d’un défilé à Ajaccio

 ghjacumu bastianesi
Ghjovi u 10 di Lugliu 2008

Pantalonade autour d’un défilé à Ajaccio
Envoyé spécial à Ajaccio M.H.
QUOTIDIEN : jeudi 10 juillet 2008

Passer en procès pour une manif ? C’est possible. Cinq nationalistes corses étaient poursuivis hier devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio, pour avoir «organisé une manifestation sur la voie publique n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable auprès de l’autorité préfectorale». Le procureur a réclamé à leur encontre 3 000 euros d’amende, mais le tribunal ne l’a pas suivi : il a relaxé les prévenus.

Incendie. Il faut dire que les débats avaient tout d’une pantalonnade. Au départ, il y a cette manifestation du 12 janvier, à Ajaccio, contre la «répression» et le fichage ADN des nationalistes, qui dégénère en occupation de l’Assemblée de Corse et s’achève par l’incendie du bureau du président du conseil exécutif de Corse, Ange Santini (UMP). Il faut trouver des coupables. Pourquoi ne pas poursuivre les organisateurs ? Ils ont omis de faire la déclaration préalable. Mais qui sont-ils ? La justice en a pioché cinq, dont Jean-Philippe Antolini, porte-parole du CAR (Comité anti-répression), Alain Mosconi, du STC (Syndicat des travailleurs corses), Jean-Guy Talamoni, de Corsica Nazione Indipendente, plus un représentant de U Rinnovu, et une du PNC (Parti de la Nation Corse).

Hier, ils nient toute responsabilité d’organisateurs : «Si manif il y a eu, ce n’est pas que de la volonté des cinq, mais d’une volonté collective», note Mosconi. Organisateurs ? Jamais : «J’ai participé, oui.» L’enquête se base notamment sur des coupures de presse, où les prévenus appellent à manifester. Mosconi corrige : «J’ai appelé à soutenir une manif. Elle était déjà préparée.» Talamoni dénonce «des poursuites diligentées en raison de nos activités politiques». «La volonté de l’Etat, c’est de nous interdire de manifester !», ajoute Antolini. Sur dix-huit mouvements organisateurs, seuls cinq sont poursuivis. Pourquoi ? «Les autres sont des organisateurs de second rang», explique le procureur José Thorel, en convenant que «ce n’est pas l’affaire du siècle». En défense, Me Jean-Michel Mariaggi constate : «Nous partîmes 300 [dans une réunion préparatoire], nous arrivâmes 5 devant le tribunal. Il y a eu un tri sélectif. C’est de l’arbitraire.»

Me Stagnara ironise : «On n’a poursuivi que des nordistes [de Haute-Corse]. Parce que le parquet est sudiste ? Et qu’il fait une nouvelle guerre de Sécession ?» Sur le fond, Me Mariaggi ressort le décret-loi de 1935 qui ménage une exception à la déclaration obligatoire : «En sont dispensées les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux.» Or, argumente-t-il, «il y a un usage local bien établi, qui consiste à ne pas déclarer.» Sauf par voie de presse, ce qui a été fait. Le préfet était au courant, il a même tenu une réunion préparatoire. «Ou alors, faut-il aussi interdire la manif du 1er mai ?», se demande Me Mariaggi.

«Boucs émissaires». Pour Me Stagnara, «cette poursuite ouvre une boîte de Pandore», qui peut menacer tout organisateur de manifestation. Les arguments de la défense ont porté, et la relaxe forme un camouflet pour le parquet. «Le tribunal n’est pas tombé dans le piège d’une démarche politique qui était de chercher des boucs émissaires» , se réjouit Alain Mosconi.

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